« La médecine, c'est l'art d'imiter les procédés curatifs de la nature » - Hippocrate
On estime qu’environ 35 % des canadiens se plaignent d’une déprime saisonnière, ou « blues hivernal » lorsque la noirceur et le froid s’installent. Ici au Québec, là où l’hiver semble s’éterniser à chaque année, un bon nombre de personnes attendent impatiemment l’arrivée des beaux jours.
Les symptômes de la déprime saisonnière peuvent être parmi les suivants : fatigue et mine basse, réveils plus difficiles, manque d’appétit ou encore appétit accru, surtout pour les hydrates de carbone raffinés (pain, pâtes, sucreries), augmentation du temps de sommeil, diminution de la concentration et diminution du niveau de motivation en général.
Tous ces changements sont dus à la diminution de la lumière, ce qui impacte grandement les hormones responsables de la bonne humeur et de la sensation d’énergie et de motivation. Bien qu’il soit normal que le corps s’adapte et ait des besoins différents en fonction des cycles des saisons, lorsqu’il y a déprime persistante, et d’année en année, il vaut mieux adresser la situation. Voici donc quelques solutions naturelles pour prévenir et remédier à la déprime saisonnière.
Même si la grisaille est bien installée à l’automne au Québec, passer du temps à l’extérieur à tous les jours permet d’améliorer l’énergie et l’humeur. Aller en nature pour s’oxygéner pleinement améliorera la vitalité et une meilleure vitalité permettra ensuite de mieux résister au stress que représentent les changements de saison sur l’organisme. De plus, le contact avec la nature a pour effet de réguler le système nerveux. Une étude a démontré qu’il suffit de seulement 20 à 30 minutes de contact quotidien avec la nature urbaine pour diminuer significativement le taux de cortisol, l’hormone du stress.
Rien de mieux que l’activité physique pour faire sortir le « méchant ». En médecine chinoise, une des grandes causes des maladies est d’ailleurs liée aux émotions en déséquilibre, ce qui peut affecter le bon fonctionnement de nos organes. Les émotions ont besoin d’être vécues mais aussi d’être libérées. Le sport permet de « bouger » les émotions dans le corps. D’un point de vue biologique, le fait de pratiquer une activité physique aide également le corps à augmenter les niveaux de dopamine et de sérotonine, des hormones contribuant grandement au sentiment d’énergie et bonne humeur.
Au lever le matin, la lumière qui arrive au fond de l’œil stimule la production du cortisol et aide à donner un “boost” d’énergie en inhibant la sécrétion de la mélatonine. Les matins qui sont plutôt gris, vous pouvez utiliser une lampe de luminothérapie. Cette dernière permet en fait une exposition à un spectre lumineux plus proche de celui du soleil. Choisissez une lampe ayant au moins 10 000 lux et utilisez-la tous les matins durant 15 à 30 minutes.
La déficience en vitamine D dans les pays nordiques est assez fréquente. Environ 30% des Nord-Américains en manqueraient et ce, même durant l’été. Cette vitamine est produite lorsque la peau est exposée aux rayons du soleil et nous en consommons de petites quantités dans l’alimentation. Le problème, c’est qu’il n’y a pas suffisamment de rayons permettant la synthèse de la vitamine D durant l’hiver. Une déficience en vitamine D peut entraîner de nombreux problèmes de santé notamment un risque plus accru de ressentir de la déprime et de la fatigue.
Millepertuis (Hypericum perforatum)
C’est sans aucun doute la plante la plus connue et la plus efficace pour prévenir et contrer le blues hivernal. Quand on prend un concentré de fleurs ou de boutons floraux de millepertuis, c’est littéralement comme du soleil en bouteille et cela ravive notre lumière intérieure. Quoi de mieux que d’avoir cette plante dans notre pharmacie quand la lumière se fait plus timide l’automne et l’hiver ?
Dosage et utilisation : Si vous êtes sujets à la déprime saisonnière et que cela revient chaque année, prévoyez commencer le millepertuis au moins 1 à 2 mois avant la période où les symptômes commencent habituellement. Ses mécanismes d’actions au niveau de l’humeur prennent un peu de temps à s’installer dans l’organisme. Au niveau scientifique, cette plante a démontré des effets antidépresseurs similaires à certains types de médicaments, comme les inhibiteurs de la monoamine.
Prendre de 15 à 25 gouttes de teinture de fleurs fraîches, 1 à 5 fois par jour.
Précautions : Cette plante interagit avec plusieurs médicaments dont les immunosuppresseurs et les antidépresseurs. Ne pas prendre avant une chirurgie. Il est important de toujours consulter un médecin en cas de doute et avant de combiner cette plante avec un médicament, quel qu’il soit.
Mélisse (Melissa officinalis) :
La mélisse est une plante toute douce, très sécuritaire mais pas moins efficace pour adresser la déprime saisonnière mais aussi le stress. C’est en effet, tout d’abord une tonique du système nerveux. Elle accompagne les personnes qui la consomment dans leur processus de lâcher-prise. Elle a aussi un effet euphorisant. Bref, c’est une plante de joie et de légèreté assurément. Elle élève l’esprit, égaye et redonne le sourire. Elle possède des actions intéressantes au niveau du système limbique, impliqué entre-autres dans la sphère émotionnelle.
Dosage et utilisation :
Il faut utiliser la plante fraîche ou légèrement séchées pour profiter au maximum de ses bienfaits thérapeutiques.
Prendre de 1 à 5 ml de teinture des feuilles ou parties aériennes par jour.
Précautions :
Ne pas prendre en combinaison avec du pentobarbital ou du hexobarbital. L’effet hypnotique pourrait être augmenté. Ne pas prendre en cas d’hypothyroïdie ou de prise de médicaments pour le traitement des affectations de la thyroïde.
Basilic sacré (Ocimum sanctum) :
Le basilic sacré est une plante très polyvalente et à avoir sous la main en vue de la saison froide puisque c’est une adaptogène, c’est-à-dire qu’elle aura des effets sur le système nerveux, endocrinien et immunitaire plus particulièrement. Dans son énergie subtile, on dit qu’elle aide à diminuer les états de désespoir et de « noirceur ». C’est aussi une plante qui ouvre le cœur et éveille l’esprit. Ses effets sur les états dépressifs et la déprime sont expliqués par le fait qu’elle dissipe le brouillard mental et la léthargie. Elle redonne donc de l’énergie mais sans stimuler. C’est vraiment une plante intelligente, qui va travailler là où nous en avons besoin. Il est à noter que le basilic sacré réduit également la quantité et l’impact du cortisol, l’hormone du stress, sur l’organisme.
Dosage et utilisation :
Les plantes adaptogènes, sont en règle générale, plus efficaces si prises sur au moins 1 à 3 mois, puisqu’elles atteignent leur plein potentiel thérapeutique après un certain temps de prise régulière. Utiliser la teinture ou l’infusion des sommités fleuries.
Infusion : 1 c. à thé par tasse. Couvrir et laisser infuser 5 à 10 minutes. Prendre ½ à tasse jusqu’à 3 fois par jour.
Teinture : Prendre 1 à 5 ml par jour.
Précautions :
Pourrait augmenter l’activité du CYP-450, ce qui pourrait accélérer l’élimination de certains médicaments. Ne pas prendre en cas d’hypotension ou de prise de médicaments pour cette condition. Ne pas prendre de basilic sacré en cas de grossesse.
Avertissements :
Il est important de consulter un médecin lorsque vous éprouvez un malaise ou des symptômes inhabituels. N’interrompez jamais un traitement médical ou pharmaceutique de manière non assistée d’un médecin ou autre professionnel de la santé.
Naturopathe spécialisée en santé de la femme EN SAVOIR PLUS
Références
https://www.cbc.ca/news/health/sad-science-why-winter-brings-us-down-but-won-t-for-long-1.2981920
Matéria Médica : École Flora Médicina
MaryCarol R. Hunter, Brenda W. Gillespie, Sophie Yu-Pu Chen. Urban Nature Experiences Reduce Stress in the Context of Daily Life Based on Salivary Biomarkers. Frontiers in Psychology, 2019; 10 DOI: 10.3389/fpsyg.2019.00722